La Centrafrique du Sud

Article : La Centrafrique du Sud
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1 avril 2013

La Centrafrique du Sud

Jacob Zuma président de l'Afrique du Sud, via Google images, CC
Jacob Zuma président de l’Afrique du Sud, via Google images, CC

Il y a environ une semaine, lors d’un énième coup d’état en Centrafrique, François Bozizé quittait le palais présidentiel de Bangui, comme il y était entré, par les armes! Dix années ce sont écoulées depuis ce jour de mars 2003 où le chef d’état de l’époque, Ange Félix Patassé,  avait dû s’exiler à l’étranger par les faits d’une rébellion menée par le général Bozizé et ses soutiens tchadiens. En dix ans comment a évolué le sort des Centrafricains ? Leur destin ne s’est certainement pas amélioré. Ce pays occupe toujours le bas des classements internationaux économiques, de bonne gouvernance et de développement humain.

En plus du malheur centrafricain, l’attitude sud africaine dans ce récent coup de force me laisse perplexe. Pourquoi ce pays, si discret d’habitude sur la scène africaine, a-t-il envoyé ses troupes au front pour sauver le soldat Bozizé ?  Pourquoi des soldats sud africains sont morts sur le chemin de Bangui pour protéger une dictature dont la légitimité ne tenait à presque rien?

Depuis l’affaire libyenne et l’intervention anglo-française contre le gouvernement de Kadhafi, on dirait qu’à Pretoria une page s’est tournée. Le discours panafricain et la nécessité d’une résolution des affaires africaines par des africains à pris le dessus sur les autres doctrines. Il est louable d’avoir de telles convictions et même préférable que les Africains se rendent compte que leurs problèmes seront mieux résolus s’ils les prennent eux mêmes à bras le corps. Mais, l’Afrique du Sud peut elle jouer ce rôle de gendarme de l’Afrique? En a t’elle les moyens où même la vision politique pour le faire? Les récents évènements m’en font douter. De plus, ce n’est pas en soutenant militairement des régimes à la limite du fréquentable que le gouvernement sud africain gagnera en légitimité sur le continent.

L’Afrique du Sud n’avait pas à soutenir militairement le régime d’un François Bozizé, président quasi auto proclamé de son pays, qu’aucune élection juste n’est venu légitimer jusqu’à son départ! Mais fallait-il laisser pour autant les rebelles de la Séléka déferler sur Bangui? Absolument pas. Dans cette affaire, un gouvernement peu démocratique vient de se faire remplacer par une rébellion hétéroclite, sans véritable idéal et dont les éléments ne pensent qu’à piller le plus vite possible les rares biens privés au grand désespoir des  populations civiles. Dans ce contexte comment l’Afrique du Sud aurait elle pu intervenir? En faisant pression sur toutes les parties pour un respect des accords de Libreville où même un retour à la table des négociations pour ficeler un meilleur cessez le feu que le premier qui comportait de nombreuses lacunes à mon sens. Les Sud Africains ont plutôt semblé envoyer le message de prendre fait et cause pour Bozizé ; ce qui a mis leurs troupes en danger et provoquer la colère de la rébellion. Dans les autres couacs de la diplomatie sud africaine, on dirait que Jacob Zuma a le don de s’enticher de dirigeants africains pas très recommandables. Il fut l’un des derniers soutiens de Laurent Gbagbo ou pire de Mouammar Kadhafi. Si la diplomatie de Prétoria veut gagner en respectabilité elle se doit de mieux choisir ses batailles.

L’Afrique a besoin d’un leader sur la scène internationale et le pays qui peut porter cette charge actuellement est sans nul doute l’Afrique du Sud, première puissance économique et militaire du continent. Sa position à la tête de l’union africaine avec la présidente de la commission Ndlamini Zuma devrait même aider le pays à mieux faire entendre cette voix  dans la région. Mais, pour le bien de tous, les Sud Africains se doivent de mieux choisir les valeurs qu’ils défendent. Étant eux-mêmes un pays démocratique, ils se doivent encore plus de promouvoir cette réalité sur le continent. L’Afrique du Sud devrait se servir de son prestige pour encourager le respect des droits humains, le développement économique et la démocratie chez ses confrères plutôt que de soutenir des gouvernements en perdition.

Pendant ce temps, Bangui est toujours sous couvre feu et à la merci des pilleurs venus de la brousse  pour soi disant la libérer des griffes de la terreur et du sous développement.  Plus de cinquante ans après son indépendance, la Centrafrique attend toujours la renaissance promise et dont son palais présidentiel porte le nom.

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Commentaires

Serge
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je trouve assez étrange cette nouvelle approche de la politique sud africaine, surtout au lendemain de la réunion des brics à durban où l'on a parlé de la stabilité de l'Afrique centrale.
d'un autre côté, je pense que vouloir à tout prix identifier un leadership africain comme en voix en Amérique Latine ou en Europe est faire fausse route. l'Afrique est très grande, avec plus de 50 pays, donc arriver à des consensus sera toujours très compliqués et les intérêts seront toujours très variés...
:)

serges
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n'oublions pas que le président Zuma est un homme d'affaire et que la Centrafrique a un très probable sous sol pétrolier et aussi beaucoup de ressources minières.alors mr.zuma a très certainement signé un accord secret entre Bozizé et lui:défense du territoire contre contrat minier,ironie de l'histoire c'est ce même Zuma qui critiquait l'intervention sarkozienne en Libye arguant du fait que la France intervenait en Libye uniquement pour son pétrole...dommage!ainsi il est triste de constater que les états Africains ne sont pas amis mais il n'ont que des intérêts!