Atypique Guinée

Selon le FMI, 2013 sera l’année où, pour la première fois de l’histoire moderne, l’Afrique tirera la croissance mondiale vers le haut. Il y a de quoi se réjouir pour ce continent qui, il y a peu, n’évoquait qu’échecs et espoirs déçus à répétition. Cependant, certains pays de ce même continent ne connaissent toujours pas la belle embellie générale. Parmi ces nations, la Guinée n’arrive pas à sortir de la spirale de la pauvreté.
De retour à Conakry après plus d’une demi-décennie d’absence, je m’attendais à voir une ville et un pays changé. Effectivement, la Guinée a changé, mais malheureusement pas toujours dans le bon sens.
Si le secteur privé guinéen – qui profite à une minorité de la population – a connu un bel essor ces dernières années, les infrastructures publiques quant à elles ont connu – dans une grande proportion des cas – un chemin inverse. À Conakry, les projets immobiliers privés se comptent par dizaines. De luxueuses maisons, des hôtels – en espérant que la clientèle suivra – poussent aux quatre coins de la capitale. Les enseignes étrangères – consommation, employeurs, etc..- ne sont pas en reste. Elles se sont lancées à la conquête du marché guinéen avec plus où moins de succès. À mon départ la France était le principal partenaire économique de la Guinée. Aujourd’hui, si ce n’est pas déjà le cas, les Coréens mais surtout les Chinois sont en passe de lui ravir cette place.
Le secteur public – celui qui devrait profiter à l’ensemble des Guinéens – est quant à lui à l’agonie. Les routes, le système de santé, le système public de desserte d’eau et d’électricité sont dans une situation de déliquescence poussée. Les guinéens nantis ont trouvé des méthodes – parfois très ingénieuses – pour palier aux coupures intempestives d’eau et d’électricité. Les moins nantis, soit la grande majorité de la population, ne peuvent que se résigner face à l’échec de l’État qui devait leur assurer ces services minimaux de base.
À mon départ en 2006, les Guinéens étaient menés par un général dictateur à bout de souffle et dont la gouvernance chaotique conduisait le pays vers un gouffre. Aujourd’hui le pays est « démocratique » mais le gouvernement du président Alpha Condé dirige un pays sans Assemblée nationale ; les contrepoids à son pouvoir son donc faibles. N’arrivant pas à tenir des élections législatives prévues il y a maintenant deux ans la légitimité de son gouvernement s’amenuise à mesure que le temps passe et que les manifestations populaires embrasent Conakry.
Pour la situation actuelle que vit la Guinée, j’accuse les gouvernants successifs qui se sont succédés à sa tête depuis son indépendance. Des merveilleuses perspectives qu’avaient la Guinée en 1958, il ne reste plus aujourd’hui que ses yeux pour pleurer devant le gâchis et le peu de visions positives futures. Actuellement, par exemple, les infrastructures déficientes du pays sont le résultat direct de la corruption, du manque d’investissement et de planification des précédents gouvernements guinéens.
J’accuse aussi le gouvernement actuel du professeur Alpha Condé qui en deux ans n’a pas réussi à changer significativement la destinée des Guinéens. Ce dernier avait promis monts et merveilles à ses concitoyens mais force est de constater que le développement promis tarde à venir. Pire, l’embellie démocratique qui l’avait portée au pouvoir tant à se ternir dans le bras de fer qui l’oppose à ses principaux opposants politiques.
Aujourd’hui, la Guinée est un pays qui tourne à deux vitesses. La Guinée des gens nantis – honnêtes où corrompus – qui arrivent tant bien que mal à palier aux difficultés du quotidien et celle du « peuple » qui subit de pleins fouet la pauvreté engendrée par des décennies de corruption et de mauvaise gestion de ses élites. Pauvre guinée qui pourtant se trouve dans le peloton de tête des pays extrêmement bien dotés par la nature autant au niveau du climat, des minerais que de la faune et de la flore.
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