Économie à géométrie variable

16 janvier 2014

Économie à géométrie variable

 FMI

Retrouver de l’argent dans un vieux pantalon que l’on a plus porté depuis belle lurette est toujours un moment de bonheur. Dans mon cas du moins, le reste de ma journée est toujours agréable.

Mais, se lancer dans une réflexion politico-économique est plus rare. Pourtant, en retrouvant un billet américain de 5$ dans les poches d’un vieux short, je n’ai pu m’empêcher de penser que l’économie pouvait souvent être à géométrie variable. Du moins, ce qu’on conseille à certains d’appliquer pour atteindre le bonheur n’est pas du tout ce que font ces mêmes conseillers.

Dans le tiers monde, le FMI et ses acolytes recommandent souvent des programmes d’ajustement structurels (PAS) aux économies en « perdition ». En quelques mots, ces PAS consistent principalement à désengager l’État de l’économie, de couper dans les programmes sociaux, de libéraliser les échanges, de taxer les classes populaires et d’accorder une liberté totale aux entreprises étrangères et aux multinationales.

En 2007-2008, les « grands » de ce monde ont connu un choc économique qui ne s’était plus produit depuis le dernier grand krach boursier de 1929. Qu’ont t’ils fait à cette époque pour se sortir de ce mauvais pas? Faire absolument le contraire de que ce préconise les grandes institutions économiques néolibérales qu’ils dirigent.

Prenons l’exemple des USA, pays capitaliste par excellence. Les Américains, avec un pays surendetté, au contraire de se désengager de leurs industries stratégiques pour laisser le marché « réguler » l’activité, ont injecté des milliers de milliards d’argent public pour renflouer les entreprises privées. De Général Motors à l’assureur AIG, Washington a répondu présent pour sauver le pays de la Banqueroute. Appliquer les principes du FMI serait revenu à laisser ces géants mourir et à ouvrir toutes les frontières du pays pour permettre à des capitaux privés étrangers de venir remplacer les entreprises américaines en difficulté.

Retrouvé ce billet de 5$ dans ma poche m’a fait pensé à mon grand voisin du sud, mais m’a surtout fait réfléchir à ma chère Afrique. Pourquoi appliquons nous toujours, presque sans débat national, les recettes économiques venues d’autres cieux et, souvent en inadéquation avec les réalités locales?

Le principal problème de nombreux pays du continent reste leurs gouvernants incompétents. Ces derniers les conduisent dans de graves crises économiques pour les enfoncer encore plus dans des programmes dits de sauvetage national. En général, si quelques fois les PAS réussissent, ils font souffrir au passage les couches populaires et les classes moyennes qui sont obligées de faire de faire des sacrifices économiques énormes. Les gouvernants eux, surtout en Afrique, voient rarement leur quotidien impacté par tel ou tel programme d’aide venu de l’étranger. Les plus véreux d’entre eux, n’hésitant même pas à détourner les montants alloués par les institutions internationales pour « renflouer » leur économie.

Dans le monde, les grands pays émergeants (ceux des BRICS par exemple) qui ont réussi à se sortir, en partie, de leur misère sont ceux dont l’État a été présent et a accompagné stratégiquement le développement économique. La Chine, avec son socialisme de marché et ses défauts, est l’exemple par excellence de cette association entre le gouvernement et les objectifs à long terme de croissance économique. Le Brésil de Lula a sorti des dizaines de millions de gens de la pauvreté par l’éducation et les programmes sociaux. L’Inde, par  l’action de son gouvernement a su habillement protégé et attirer des investisseurs dans de nombreux secteurs de son économie comme les technologies ou la pharmaceutique.

En attendant que certains pays comprennent le sens caché de la citation de Saint Matthieu «  faites ce que je dis pas ce que je fais », je m’en vais de ce pas dépenser mon billet de 5$ retrouvé.

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Commentaires

Serge
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Il y a un livre très fort sur le plan analytique Kicking away the ladder " de Ha Joon Chang, qui explique comment les grandes puissances conseillent aux pays pauvres d'appliquer de méthodes (libre échange, marché ouvert, programme anti-protectionniste, autérité, etc) qu'eux n'ont pas appliqué... tu devrais le lire...
Quant à la bulle immobillière de 2008, on la voit se former à nouveau dans les pays comme le Brésil , l'inde, la chine, etc

dayediallo
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J'ai entendu parler de ce bouquin pas mal intéressant