La ligne rouge

Article : La ligne rouge
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12 mars 2013

La ligne rouge

Soldats nord-coréens, via Google image, CC
Soldats nord-coréens, via Google image, CC

En matière de relations internationales, il est rare de voir des liens sentimentaux entre les États. La géopolitique mondiale est faite de relations de forces qui tiennent souvent par des équilibres fragiles. Entre les forts et les faibles de ce monde, il y a des lignes à ne pas franchir. Des lignes jaunes qui mènent souvent à un rappel à l’ordre et des lignes rouges qui, une fois franchies, mènent à la guerre. À quoi joue actuellement la Corée du Nord? Qu’est ce qui permet à cet État de pouvoir fanfaronner avec ses essais nucléaires alors que d’autres, pour moins que ça  se seraient déjà fait ramener à l’ordre? Où se trouve la ligne rouge pour les Nord-coréens?

Pour y voir plus claire, il est intéressant de regarder la situation du pays de Kim Jong-Un. Séparé de son voisin du Sud depuis la fin de la guerre de Corée, le régime de Pyongyang vit dans un quasi isolement international du fait de ses actes belliqueux mais aussi par la volonté de ses dirigeants qui espèrent ainsi mieux assujettir leur peuple. Actuellement, les Nord-coréens bénéficient du soutien de leur puissant voisin chinois et de la protection de ce dernier. Cet appui est la principale raison de l’inconscience téméraire qui pousse Kim Jong-Un a défié l’Amérique et ses alliés dans la région.

Intéressons nous à d’autres pays maintenant. Contrairement à la Corée du Nord, l’Iran ne dispose pas d’alliés frontaliers qui pourraient lui venir en aide en cas d’attaque d’une grande puissance. La ligne rouge pour le régime des mollahs est donc bien mince. Un Iran qui poursuivrait un programme nucléaire au vu et au su de tous serait bien vite réduit à néant. D’autres oublient – ou peut être présument de leurs forces – l’existence des lignes rouges et s’attirent de funestes conséquences quant à leur politique étrangère. L’exemple le plus frappant est celui de la Géorgie en 2008. À l’époque, cette dernière voulait s’émanciper de la « tutelle » de son grand frère russe et se rapprocher de l’Europe et de l’OTAN. Présumant de l’aide américaine et de l’OTAN, les Géorgiens prirent l’initiative de reprendre l’Ossétie du Sud, une région séparatiste du pays sous quasi protectorat russe. Funeste idée fut cette dernière, car Moscou se servit de ce prétexte pour envahir la Géorgie, détruire ses infrastructures et en faire un exemple dans la région pour tous ceux qui voudraient se détacher de son giron pour se rapprocher de l’OTAN.

Les Nord-coréens, multipliant les déclarations fracassantes et les actes symboliques, se rapprochent donc inexorablement de leur ligne rouge. Les Chinois peuvent il prendre le risque d’abandonner leurs alliés au pari de voir des soldats américains à leur frontière nord-est? Dans le contexte actuel du rééquilibrage des forces militaires en Asie de l’est, certainement pas. Mais, devant les signes d’instabilité du pouvoir de Pyongyang, il sera difficile pour les dirigeants pékinois de continuer à lui afficher une sympathie inconditionnelle. Dans une situation extrême et devant toute tentative déraisonnée de l’utilisation de l’arme atomique par les Nord-coréens, quelle solution l’ONU pourrait-elle donc envisager? Il est évident que toute volonté unilatérale d’intervention occidentale serait bloquée – ou du moins freinée – par la Chine. Pourquoi cette même chine, sous mandat de l’ONU, ne serait elle pas chargée de désarmer son encombrant allié? Pour l’empire du milieu qui cherche à imposer  sa crédibilité dans le jeu des grandes puissances géopolitiques, il n’y aurait pas de moment plus idéal pour faire ses preuves.

Mais, vous pouvez dormir sur vos deux oreilles, car on n’en arrivera surement pas à la rupture de la ligne rouge nord-coréenne. Pyongyang nous a habitués à des spasmes de déclarations belliqueuses sans passer à l’acte ultime pour autant. Les vraies questions sont de savoir quand et comment le peuple nord-coréen sera enfin débarrassé de la dictature fantasmagorique qui le gouverne? Seuls les Chinois ont – en grande partie du moins – ces réponses.

 

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Commentaires

josianekouagheu
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La fameuse ligne rouge. Mais, la Corée du Nord ne peut pas continuer à vivre ainsi avec l'aide de la Chine. Mais, Daye, n'y a-t-il pas ces lignes rouges en Afrique? Rwanda- RDC...