D’Afrique et d’histoire

En ce mois de l’histoire des noirs au Canada, il est étonnant de voir qu’un pays s’attache à célébrer durant trente jours une frange bien distincte de sa population. L’histoire des peuples afro-canadiens et africains – dans une plus large mesure – serait elle aussi méconnue?

Une partie de la réponse à cette question se trouve dans cette phrase erronée et célèbre : « L’homme africain n’est pas assez rentré dans l’histoire ». Depuis ce mois de juillet 2007 où, à Dakar, l’ex président français Nicolas Sarkozy prononça cette phrase, je n’ai cesse de me demander si une partie de l’humanité tant à oublier le passé des peuples africains où si ce n’est qu’un manque de connaissance qui est à l’origine de ce genre d’inepties. Dans les deux cas, l’initiative canadienne est bienvenue pour rappeler à tout un chacun les faits de ces oubliés de l’histoire qui l’ont parfois écrite dans la douleur.

Un autre événement très actuel est frappant. Cette semaine, pour la première fois de l’histoire moderne, un pape abdique de son ministère et, pour la première fois de l’histoire, un Africain a de grandes chances d’être le principal catholique représentant de Dieu sur terre… Cette dernière partie de phrase n’est pas de moi mais de nombreux medias internationaux !

Pour la petite histoire, trois papes africains ont déjà été à la tête de l’église catholique avant le cinquième siècle de son ère. À une époque où l’Afrique du Nord avait une communauté catholique importante, il n’est pas étonnant d’avoir vu se succéder de nombreux évêques de cette région à la tête du saint siège romain.

Dans un tout autre registre, qui se rappelle aujourd’hui d’Abraham Hannibal, ce jeune noir vendu à la cours de Russie au 18^ème siècle qui, à force de travail, s’éleva à la fin de sa vie au troisième rang de la hiérarchie militaire de l’empire de Pierre le Grand? Qui se rappelle de son illustre prédécesseur et homonyme, Hannibal le carthaginois qui, à dos d’éléphant fit trembler la grande Rome? L’histoire africaine, regorge de héros et n’en déplaise à monsieur Sarkozy, l’homme africain a grandement contribué à façonner l’histoire et notre monde contemporain.

Dans le cas de l’ancien président français, sa bourde de Dakar fut encore plus impardonnable de par le lieu où la phrase fut prononcée. Au pays de Senghor, pays qui porte le nom des combattants africains ayant participé aux deux conflits mondiaux du XXème siècle la pilule fut dure à avaler.  Pour ceux qui ont payé de leur sang pour écrire l’histoire de France et celle du monde, cette parole fut une gifle et a laissé un sentiment amer d’ingratitude.

Pour en revenir au futur pape, le conclave des cardinaux pour son élection débutera le 15 mars. Alors de grâce, si un pape noir venait à être élu, messieurs et mesdames les reporters avides d’intitulés pompeux, évitez surtout de titrer « un premier pape africain à la tête de l’église catholique ».

L’Afrique a tout à gagner à ce que son histoire et sa culture soient connues à travers le monde. À l’instar des centres culturels français où des centres Confucius chinois à travers le monde, pourquoi pas des missions de nations africaines un jour pour promouvoir notre culture?  Sinon, faudrait-il un mois de l’histoire d’Afrique à travers le monde? Surement pas. On ne peut obliger personne à apprendre sur une autre culture. Mais, les prêcheurs publics tels les médias et nos politiciens – occidentaux et parfois même africains – devraient avoir une bonne connaissance de l’histoire avant de raconter des absurdités. Le monde les écoute et ce dernier ne s’en portera que mieux s’il connait exactement son passé.