Opération Mali

Article : Opération Mali
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14 janvier 2013

Opération Mali

mali flag
Drapeau malien par Shutterstock, via Pixabay CC

On ne l’attendait presque plus – du moins pas avant de nombreux mois – mais voila que le monde s’est enfin décidé à s’impliquer sérieusement dans la résolution du conflit malien. Cela fait maintenant quatre jours que les troupes maliennes, appuyées par l’armée française et d’autres forces africaines, se sont lancées dans la  reconquête du nord du pays. Il aura fallu attendre une ultime poussée des islamistes pour que, sous l’égide de la France, la communauté internationale et l’ONU sentent l’urgence d’une intervention rapide pour éviter la chute définitive de l’État malien.

Un débat sur la légitimité de l’intervention française ?

Sur les réseaux sociaux, nombreux – heureusement une minorité dans l’ensemble – sont les Africains qui commencent déjà à crier au néo-colonialisme et à la Françafrique. Faut-il rappeler à ces derniers que c’est bien le gouvernement malien qui a demandé l’aide de la communauté internationale et en particulier de la France ? Faut il leur remémorer Que cette dernière agit dans le cadre d’une résolution de l’ONU et non de manière unilatérale ? Faut-il rappeler à ces derniers que la situation des troupes maliennes et l’étendue du désert nécessitent des moyens logistiques pour la reconquête que l’armée nationale ne possède pas. Je ne pense pas non plus que la France ait vocation à rester  indéfiniment au Mali après le conflit. Comme guinéen, je remercie la France pour cette intervention car le péril islamiste, à cette allure, aurait bien pu s’étendre à de nombreux autres pays ouest africains. D’un autre point de vue, je considère cette intervention tricolore comme un rachat par rapport à l’histoire. Aujourd’hui, si les islamistes ont pu couper le Mali en deux, c’est bien parce qu’ils ont pu tirer profit de la chute du dictateur libyen et de ses armes qui ont proliféré au sud du Sahara.  Si Français et Anglais avaient sécurisé les stocks d’armes libyens avant de quitter le pays, le Mali n’en serait surement pas là.

La nécessité d’une intervention rapide et musclée

Maintenant que les négociations ont échoué et que malheureusement la violence des hostilités a commencé, il est nécessaire que les forces maliennes et étrangères aillent au bout de leur mission. Elles se doivent de pacifier l’ensemble du pays pour que la paix y revienne de façon durable et sereine. Le dispositif français déjà en place – plus de 500 hommes – est déjà impressionnant, mais il doit être renforcé pour porter un coup décisif aux intégristes. À l’instar des pays qui ont déjà envoyé des hommes pour aider à la reconquête, toutes les nations amies et en particulier africaines se doivent aujourd’hui d’apporter leur assistance. Le combat promet d’être dur mais il se doit d’être mené vite et bien – éviter au maximum les pertes civiles demeure primordial – pour enrayer un enlisement du conflit qui pourrait faire le jeu des groupes armés terroristes.

 Et après ?

Quand les armes se seront tues et que la paix sera de retour, les Maliens doivent absolument éviter de retomber dans les travers qui les ont conduits à cette situation désastreuse. Tout d’abord, il faut que le gouvernement en place retrouve toute sa légitimité au travers d’une consultation électorale étendue à l’ensemble du pays. Les militaires doivent rester à l’écart de ce processus démocratique. Ensuite, le Nord du pays, avec l’aide des urnes, doit se prononcer sur son avenir. N’oublions pas que toute cette affaire a commencé à cause du MNLA, mouvement indépendantiste, qui a fait le choix condamnable des armes pour porter ses revendications. L’intégrité territoriale du Mali doit être un fait non négociable, mais il ne devrait y avoir aucun mal à donner plus d’autonomie dans certaines décisions au nord du pays s’il le désire. Le Mali pourrait devenir une sorte d’État fédéral où Bamako resterait le centre final du pouvoir. Finalement, la corruption, l’iniquité et la déchéance de gouvernement malien et de ses services de sécurités qui ont conduit certaines régions du pays à devenir des sanctuaires où toutes formes de trafics étaient possibles, doivent être au centre des prochaines réformes qui feront du Mali un meilleur pays.

2012 fut l’année du naufrage malien. 2013 sera-t-elle l’année de la renaissance ? Cette année sera-t-elle celle de la fin du cauchemar ? Celle de la disparition d’une junte perfide qui tire les ficelles dans le sud et des groupes terroristes qui occupent le nord du pays ? Depuis quatre jours, tous les espoirs d’un retour à la paix et à la normalité sont permis.

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Commentaires

Abdallah Azibert
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Une note d'espoir a la fin alors esperons.

serge
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à propos de la légitimité de l'intervention, je suis globalement d'accord qu'il faille arreter la progression des rebelles, surtout eviter leur entrée à Bamako. mais ce qui me dérange, c'est l'attitude du président français qui affirme que la France a soldé sa dette envers le Mali (cette intervention compense-t-elle les effets de la colonisation?). quant à la demande du gouvernement malien, mais enfin, quelle légitimité a ce gouvernement? n'a-t-il pas été posé là par les militaires qui avaient appliqué le coup d'état.
Marx dans le 18 brumaire a écrit: "l'histoire se fait toujours deux fois, la premiere comme une farse et la seconde comme une tragédie". donc, sarkozy et cameron defillent à bengazy, hollande défile au Mali en sauveur. rien de nouveau sur la terre, puisque Mitterant l'avait fait à beyrouth

https://www.ina.fr/economie-et-societe/justice-et-faits-divers/video/CAB8301819001/visite-mitterrand-beyrouth.fr.html