Newtown Connecticut
Newtown Connecticut, 28 000 habitants. Savez vous où se trouve cette ville? Sur la côte est américaine à quelques 500 km de Montréal et, moi non plus, avant la funeste journée du vendredi 14 décembre, je ne savais pas où elle était située exactement.
Comment expliquer que cette bourgade modeste, à l’allure insouciante, ait pu s’inviter à notre connaissance d’une manière aussi horrifiante ? Comment expliquer qu’un jeune homme d’une vingtaine d’années ait pu tuer autant de personnes de sang froid, dont deux dizaines d’enfants? L’Amérique a-t-elle la particularité d’engendrer des monstres assoiffés de sang ? La réponse à cette dernière question est sans équivoque non, si on se rappelle la morbide équipée d’Anders Breivik sur l’île d’Utoya en Norvège.
Mais qu’est-ce qui explique que de tels évènements soient si récurrents aux États Unis ? L’histoire de ce pays sans nul doute qui s’est forgé dans la conquête d’un continent rempli de « périls » pour le colonisateur venu d’Europe, la culture du port d’arme qui est très forte actuellement, mais aussi la faiblesse d’un État qui, à ses débuts, ne pouvant protéger tous ses citoyens, leur a donné le droit de s’armer pour se défendre si leur vie était en danger.
Sur ce dernier argument, que penser du second amendement de la Constitution américaine qui donne droit à chacun de ses citoyens de posséder une arme ? En 2012, cette disposition est elle toujours nécessaire ? Dans un pays où les forces de l’ordre sont structurées, professionnelles et rapides dans leurs interventions, la question se pose. Il est étonnant de voir aujourd’hui certaines réactions à ce massacre. Pour certains de nos voisins du sud, si un enseignant s’était retrouvé en possession d’une arme dans cette école, il aurait pu abattre le forcené. N’est ce pas la une manière erronée de penser ? Ne faudrait il pas plutôt commencer le raisonnement en se disant que si le meurtrier n’avait pas eu d’armes, il ne s’en serait pas pris à cette école et, ainsi, on n’aurait pas eu besoin d’avoir un professeur armé pour penser à l’arrête ? Les statistiques, quant à elles, sont alarmantes : pour une population de 315 millions d’habitants, environs 260 millions d’armes sont en circulation. Les USA – un pays en paix – détiennent le triste record du monde d’armes disponibles par habitants.
Dans ce dernier raisonnement se trouve – je le pense – le drame de cette Amérique. Ce pays où l’on pense que pour stopper la violence il faut être armé et non pas que l’on devrait éliminer les vecteurs principaux – qui sont les armes – de cette violence. Quand les Américains comprendront qu’il faut fortement limiter la circulation des armes dans leur pays, alors le cycle infernal des tueries déclinera sûrement. De plus, les programmes de soins psychologiques et médicaux doivent être repensés dans le but de pouvoir mieux cerner les gens qui ont besoin d’une aide avant que ces derniers n’en viennent à des actes extrême et odieux.
En attendant qu’un tel jour arrive, vingt huit autres personnes ont perdu la vie. Je pense à ces familles, à ces parents, qui devant leur sapin de Noël, se retrouveront devant les cadeaux non ouverts de leurs proches disparus. Tristesse, incompréhension, espoir que les politiciens américains fassent enfin changer les choses pour éviter que cela ne se reproduise sont les sentiments qui m’animent en ce moment.
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