Une vieille dame nommée Europe
Elle est bien loin l’époque où l’Europe était le « phare » de l’humanité. En ce début de 21ème siècle, elle essaie plutôt – tant bien que mal – de trouver sa voie pour le futur et dans le concert des nations. Qu’est-ce qui me fait écrire sur le vieux continent aujourd’hui? La situation catastrophique de certains de ses États du sud? La tragi-comédie qui se déroule au sein de l’UMP français? Le manque de leadership et de cohésion au sein de l’UE même? Sûrement tous ces points, mais, aussi et surtout, le fait de côtoyer de nombreux amis européens qui me font souvent partager leurs appréhensions quant à l’avenir de leur continent.
Pour revenir sur ce dernier point, l’un des signes les plus importants du déclin d’une société est la peur du futur que peut ressentir sa jeunesse ; cette frange de la société qui pourtant devrait croire et mordre à pleines dents dans ses rêves d’avenir. Aujourd’hui l’optimisme a changé de camps. Ce sont les jeunes entrepreneurs chinois, indiens, brésiliens où même turcs qui rêvent de se lancer à la conquête du monde.
Au-delà de la jeunesse, le système macroéconomique européen est à bout de souffle ; c’est dans cette région du monde que les prévisions de croissance sont les plus faibles pour les prochaines années. Son union économique – pourtant cité il n’y a pas si longtemps comme un modèle d’intégration – est au bord de l’implosion. L’Italie, le Portugal, la Grèce, pour ne citer qu’eux, sont dans une situation financière plus que précaire. Pire, quand on voit la cacophonie qui règne au sein de l’UE pour leur venir en aide, l’on se demande comment cette institution peut survivre à long terme. La Grèce s’est environ 3% du PIB européen mais 90% de ses problèmes actuellement.
Politiquement, là aussi, on a l’impression d’assister à une régression. Le retour de courants – forts – sécessionnistes au sein de quelques États. La percée de certains partis extrémistes et xénophobes qui se nourrissent de la crise économique mondiale pour revenir au devant de la scène. La comédie dramatique digne d’une république bananière qui se joue actuellement au sein du principal parti d’opposition français.
L’Europe a-t-elle un avenir au 21ème siècle? Je suis fortement convaincu que OUI, mais à deux conditions.
Tout d’abord, il faut que les dirigeants du vieux continent rehaussent le niveau du message politique qu’ils distillent à leurs concitoyens. Quand je vois en France, Jean François Copé, président de l’UMP – très mal élu précisons le -, discourir de long en large sur des thèmes qui avant n’étaient entendus qu’à l’extrême droite, j’ai peur pour mes amis français. Un politicien doit faire «rêver» et orienter ses concitoyens vers l’édification de projets d’avenir nobles. Aujourd’hui il n’y a que division, peur de l’autre, confinement chez soi, protectionnisme dans la rhétorique de nombreux élus européens. On est bien loin du discours de la victoire en novembre dernier d’un Barak Obama. Les Européens doivent réapprendre à penser positivement leur avenir s’ils veulent que celui-ci soit brillant.
Ensuite, il faut que l’Europe se fasse. On oublie souvent que cette union, si elle était un pays, serait la première puissance économique au monde. Imaginer la formidable force de négociation, tant au niveau économique que géopolitique, qu’aurait l’Europe si elle parlait – toujours – d’une seule voix face à des interlocuteurs comme la Chine, la Russie où même son principal allié les États-Unis. Dans un avenir proche, si les États européens persistent à faire cavaliers seuls, il est fort probable qu’ils disparaissent de la tête des classements économiques et qu’ils soient marginalisés dans la prise de décision sur les directions géopolitiques que prend l’humanité. Donc, Les Européens doivent avoir le courage et même le devoir d’outrepasser leurs différences pour arriver à une union économique et politique beaucoup plus forte que celles que l’on connait de nos jours.
La vieille dame Europe est encore loin d’être «morte». Il lui reste des cartes dans son jeu. Il ne dépend que de ses dirigeants et de ses citoyens de s’offrir une cure de jouvence et, peut être, réoccuper la place qui lui était sienne avant dans le monde.
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