Démocratie ou despotisme « éclairé », deux chemins pour le développement en Afrique ?

Article : Démocratie ou despotisme « éclairé », deux chemins pour le développement en Afrique ?
Crédit:
28 septembre 2012

Démocratie ou despotisme « éclairé », deux chemins pour le développement en Afrique ?

 

Aujourd’hui, toutes les lumières – africaines du moins – sont tournées vers deux États qui depuis quelques années affichent des taux de croissance records sur leur continent. L’année dernière, Au Ghana, l’on estimait que le PIB croîtrait de 13 % environ alors qu’au Rwanda celui ci devait augmenter d’à peu près 6%. Ces deux pays ne sont pas arrivés à ces résultats étonnants du jour au lendemain. Un long travail d’assainissement du milieu des affaires, de l’éducation et des institutions publiques ont été les précurseurs de ces boums économiques.

Deux voies différentes

Mais, là s’arrête les similarités entre ces deux différentes nations. Sur le chemin de la croissance économique, elles ont en effet pris des voies politiques différentes. Si au Ghana les autorités publiques ont amorcé un tournant résolument démocratique depuis la fin des années 90, au Rwanda il en est tout autrement. En effet, au pays des mille collines, le pouvoir est essentiellement concentré – pour le meilleur ou le pire – dans les mains d’un homme à savoir Paul Kagamé, garant du développement et de la sécurité de la nation.


Ainsi, si au Ghana l’avenir semble assuré, au Rwanda il est risqué d’avoir de tels espoirs. Ce pays n’est pas à l’abri de ce que je pourrai qualifier d’un syndrome à l’ivoirienne, c’est-à-dire l’effondrement économique et politique d’une nation suite à la mort de l’homme qui incarnait l’État et concentrait tous les pouvoirs entre ses mains. Comment ne pas penser à l’impressionnante croissance économique de la Côte d’ivoire de l’époque Houphouët Boigny et à la toute ahurissante descente aux enfers que ce  même pays a connu suite à la mort de son père fondateur? Cet exemple illustre parfaitement la phrase lancée aux dictateurs africains par  monsieur Obama lors de son séjour ghanéen de 2009 : « l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, elle a besoin d’institutions fortes ». Actuellement, le Rwanda est, du moins, économiquement sur le bon chemin. Il est l’un des rares pays africains sinon le seul où il existe une couverture maladie publique et universelle. Le taux d’éducation est en croissance exponentiel, de même que les investissements étrangers. Fort de ses succès, Paul Kagamé aurait tout intérêt à se retirer du pouvoir comme prévu en 2017 – soit la fin de son deuxième et dernier mandat constitutionnel – et promouvoir l’installation d’une réelle démocratie dans son pays. Passer la main d’une telle manière ne serait pas sans rappeler le général Rawlings, véritable héros national au Ghana, qui comme lui les circonstances historiques amenèrent à être le père de la démocratie et du développement économique de sa nation. Le despotisme à la Kagamé que l’on peut qualifier à la limite d’éclairé n’est pas une solution viable à long terme. Seule la démocratie peut garantir dans le temps les acquis économiques et sociaux de nations aussi complexes que les États africains car elle permet à chacun de s’exprimer librement et évite ainsi que certaines franges de la population se sentent brimées ou ostracisées.


Aujourd’hui, les Africains se servent de modèles extérieurs qu’ils essaient d’imiter pour se développer. Mais, les facteurs qui ont permis à des états comme la Corée du sud de devenir ce qu’ils sont actuellement ne sont pas forcément applicables sur le continent noir. L’Afrique a besoin de ses propres modèles pour gagner son pari sur la pauvreté. La réussite économique et démocratique du Ghana doit servir à ses voisins et pourquoi ne pas créer un effet domino. La démocratie dans ce pays a fait ses preuves et l’on doit en faire la promotion sur tout le continent.

Partagez

Commentaires

serge
Répondre

encore un bel article...je crois que je te lirai plus...le rwanda n'est pas un régime démocratique...je suis congolais (rd) et je sais de quoi je parle...l'onu et l'ue viennent d'ailleurs de reconnaitre la responsabilité du rwanda ds le la guerre au congo...le défi de la region des grands lacs sera la démocratisation du rwanda...ce régime exclu les hutu qui ne sont plus rentré chez eux depuis le génocide...hors une democratisation de ce pays passe par la reconciliation nationale...ah, oui!, comme le disait robert dahl, les pays démocratiques ne se font pas la guerre entre elles...alors...