Peut mieux faire

22 décembre 2014

Peut mieux faire

Cc Gouvernement du Canada
Cc Gouvernement du Canada

À Dakar il y a trois semaines, l’OIF a annoncé que Michaëlle Jean, une femme de 57 ans, gouverneure générale du Canada de 2005 à 2007 et d’origine haïtienne succéderait à son actuel président Abdou Diouf.

Toute une nouveauté pour cette entité qui se cherche un nouveau souffle. Ayant vu le jour en 1970, l’organisation internationale de la francophonie voulait au départ promouvoir la coopération culturelle au sein des pays ayant en partage la langue française. Aujourd’hui, elle ambitionne  toujours de soutenir le développement de la langue de Molière mais elle veut aussi mettre de l’avant la démocratie, le respect des droits humains et les échanges économiques entre ses pays membres.

Avant Michaëlle Jean, tous les secrétaires généraux de l’institution avaient été des hommes et de surcroît africains. L’élection de la Canado-haïtienne, une excellente nouvelle pour la promotion des femmes mais aussi pour les qualités personnelles et professionnelles de madame Jean, est donc une mini révolution au pays de la francophonie.

Au Québec, cette nouvelle nous a réjouis mais elle devrait aussi être le signe que nous devons nous retrousser les manches pour mériter cet « honneur ». En effet, le Canada – souvent avec les protestations du Québec – a ces dernières années réduit sa coopération directe avec de nombreux pays francophones. Le pays peut clairement mieux faire.

Michaëlle Jean devra trouver le moyen d’impliquer davantage le Québec et surtout le Canada dans la gestion des affaires francophones à travers le monde. Pour exprimer ce point de vue, je rappellerai cette citation célèbre entendue dans le film Spiderman : « un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. Un pays – de par son représentant – ne peut pas aspirer à de grandes responsabilités internationales tout en se désengageant de ses « devoirs » internationaux de grande puissance (représentations diplomatiques, assistance aux pays dans le besoin, bon positionnement sur les grands débats internationaux, etc.).

Ces dernières temps, le Canada s’est fortement désengagé de nombreuses activités qui lui conféraient une influence à l’international et une présence privilégiée dans de nombreux pays francophones (en majorité en Afrique). Dans une campagne de restrictions budgétaires, le pays de l’unifolié a fermé des ambassades sur le continent noir et supprimer de nombreux fonds destinés à l’agence canadienne de développement (ACDI) qui œuvre dans de nombreux pays du tiers monde francophone.

Le cas Ebola est à mes yeux le dernier exemple où le Canada aurait pu mieux faire. Imaginer-vous que l’une des résolutions de la déclaration finale du sommet de Dakar était de mettre tous les moyens en œuvre pour lutter contre la stigmatisation des citoyens et des pays touchés par le virus. Le Canada est l’un des rares pays de cette francophonie qui restreint l’accès à son territoire aux citoyens de ces pays…

Prenons l’exemple de la France qui, elle, est aux côtés des états touchés depuis le début de cette crise. Malgré une pression énorme intérieure, une compagnie comme Air France n’a jamais arrêté ses liaisons vers la capitale guinéenne. Encore mieux, en novembre, François Hollande a été le premier président occidental à se rendre dans l’un des trois pays touchés. Le président français  a poussé la visite jusqu’à l’hôpital Donka, lieu où les patients atteints d’Ebola sont traités à Conakry. Merci monsieur Hollande pour le bel exemple que vous donnez!

Avions de transport de l'US Air Force à l'aéoroport de Dakar dans le cadre de la lutte contre Ebola Cc Daye Diallo
Avion de transport de l’US Air Force à l’aéoroport de Dakar dans le cadre de la lutte contre Ebola Cc Daye Diallo

Après les USA, la France, l’Angleterre et bien d’autres pays, le Canada a envoyé une quarantaine de militaires (des personnels de la santé) pour aider la Sierra Leone à Juguler la propagation du virus Ebola. Enfin une très bonne initiative de la part du gouvernement conservateur de Stephen Harper. Mais, ce dernier peut mieux faire quand on sait que l’autre pays francophone touché par l’épidémie, à savoir la Guinée, ne reçoit lui aucune aide directe canadienne d’envergure.

Pour en revenir à Michaëlle Jean, les défis qu’elle aura à relever seront donc élevés. En plus de redonner à son pays la place centrale qu’il doit occuper au sein de la famille francophone, il lui faudra aussi gagner personnellement l’entière confiance des gouvernements africains car nombreux sont les dirigeants qui rechignent encore à la voir à la tête de l’organisation.

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Commentaires

serge
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Le Canada est aussi connu pour ses nombreux blocages contre l'immigration des africains... le véritable adepte de l'immigration très choisie, c'est le Canada...
Ça aussi, ça devra changer. :)
Bonne année !