Atypique Guinée

Article : Atypique Guinée
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21 mai 2013

Atypique Guinée

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Vue de l’autoroute, Conakry. Cc Daye Diallo

Selon le FMI, 2013 sera l’année où, pour la première fois de l’histoire moderne, l’Afrique tirera la croissance mondiale vers le haut. Il y a de quoi se réjouir pour ce continent qui, il y a peu, n’évoquait qu’échecs et espoirs déçus à répétition. Cependant, certains pays de ce même continent ne connaissent toujours pas la belle embellie générale. Parmi ces nations, la Guinée n’arrive pas à sortir de la spirale de la pauvreté.

De retour à Conakry après plus d’une demi-décennie d’absence, je m’attendais à voir une ville et un pays changé. Effectivement, la Guinée a changé, mais malheureusement pas toujours dans le bon sens.

Si le secteur privé guinéen – qui profite à une minorité de la population – a connu un  bel essor ces dernières années, les infrastructures publiques quant à elles ont connu – dans une grande proportion des cas – un  chemin inverse. À Conakry, les projets immobiliers privés se comptent par dizaines. De luxueuses maisons,  des hôtels – en espérant que la clientèle suivra – poussent aux quatre coins de la capitale. Les enseignes étrangères – consommation, employeurs, etc..- ne sont pas en reste. Elles se sont lancées à la conquête du marché guinéen avec plus où moins de succès. À mon départ la France était le principal partenaire économique de la Guinée. Aujourd’hui, si ce n’est pas déjà le cas,  les Coréens mais surtout les Chinois sont en passe de lui ravir cette place.

Le secteur public – celui qui devrait profiter à l’ensemble des Guinéens – est quant à lui à l’agonie. Les routes, le système de santé, le système public de desserte d’eau et d’électricité sont dans une situation de déliquescence poussée. Les guinéens nantis ont trouvé des méthodes – parfois très ingénieuses – pour palier aux coupures intempestives d’eau et d’électricité. Les moins nantis, soit la grande majorité de la population, ne peuvent que se résigner face à l’échec de l’État qui devait leur assurer ces services minimaux de base.

À mon départ en 2006, les Guinéens étaient menés par un général dictateur à bout de souffle et dont la gouvernance chaotique conduisait le pays vers un gouffre. Aujourd’hui le pays est « démocratique » mais le gouvernement du président Alpha Condé dirige un pays sans Assemblée nationale ; les contrepoids à son pouvoir son donc faibles. N’arrivant pas à tenir des élections législatives prévues il y a maintenant deux ans la légitimité de son gouvernement s’amenuise à mesure que le temps passe et que les manifestations populaires embrasent Conakry.

Pour la situation actuelle que vit la Guinée, j’accuse les gouvernants successifs qui se sont succédés à sa tête depuis son indépendance. Des merveilleuses perspectives qu’avaient la Guinée en 1958, il ne reste plus aujourd’hui que ses yeux pour pleurer devant le gâchis et le peu de visions positives futures. Actuellement, par exemple, les infrastructures déficientes du pays sont le résultat direct de la corruption, du manque d’investissement et de planification des précédents gouvernements guinéens.

J’accuse aussi le gouvernement actuel du professeur Alpha Condé qui en deux ans n’a pas réussi à changer significativement la destinée des Guinéens. Ce dernier avait promis monts et merveilles à ses concitoyens mais force est de constater que le développement promis tarde à venir. Pire, l’embellie démocratique qui l’avait portée au pouvoir tant à se ternir dans le bras de fer qui l’oppose à ses principaux opposants politiques.

Aujourd’hui, la Guinée est un pays qui tourne à deux vitesses. La Guinée des gens nantis – honnêtes où corrompus – qui arrivent tant bien que mal à palier aux difficultés du quotidien et celle du « peuple » qui subit de pleins fouet la pauvreté engendrée par des décennies de corruption et de mauvaise gestion de ses élites. Pauvre guinée qui pourtant se trouve dans le peloton de tête des pays extrêmement bien dotés par la nature autant au niveau du climat, des minerais que de la faune et de la flore.

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Commentaires

bouba68
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retour en force de daye!

Kpénahi Traoré
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J'adore, bien écrit, bien structuré. Quant-au fond du sujet, malheureusement nombreux sont les pays africains qui sont dans la même situation.Le fossé entre les riches et les pauvres s'agrandi, la corruption et les détournements de fonds ont fini de ronger le peu de dignité qui reste, les grandes firmes internationales sont en train de creuser jusqu'aux entrailles de la terre ce qui devait aider nos pays à sortir la tête de l'eau. que faut-il faire?

dayediallo
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Bientôt un article sur les solutions possibles ma chère Kpénahie

Limoune
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Merci pour ce billet Daye. Mais je me demandais s'il existe une classe moyenne en Guinée.

dayediallo
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oui, il en existe une mais elle est malheureusement en proportion très faible

Mensah Ekué Komlan Edem
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Notre chère Guinée a vraiment besoin d'un nouveau souffle. Je suis très content de voir qu'un fils, un produit de la Guinée comme toi sort la tête dans ce gros lot de jeunes pour informer le public sur cette situation. Je te rejoins et partage ton avis cher ami DAYE, te souviens tu de moi ?.
Merci

dayediallo
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Oui mon cher ami , je me souviens de toi !! J'espère que tout va bien de ton côté depuis le temps

Diallo Mamadou Alpha Lao
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Tu as en effet bien résumé la situation guinéenne. Mais mis à part tous ces points, n'oublions pas que le tissu social de la Guinée s'est encore beaucoup dégradé depuis 2006. Cette dégradation est due à certains politiques qui utilisent la population qui est analphabète en majorité pour arriver à leur fin. C'est Dommage que l’intérêt prime sur celui du peuple.